dimanche 17 mars 2013

LE MAUVAIS OEIL DE SALEM ENNEGARA


Dans mon village à la campagne on ne peut pas dire que les citoyens usurpent leur réputation. Ainsi en est-il de Salem En-Neggara … Ce digne monsieur de Oued el Guendoul est réputé pour son mauvais œil et un village averti en valant deux, tous les villageois le savent et savent s’en prémunir: ils le saluent de loin d’un ample geste de la main, tous doigts ouvert en murmurant « el 3’ma ! » afin que les cinq doigts aillent dans l’œil de l’envieux et qu’il soit atteint de cécité momentanée pour ne pas remarquer la face trop enjouée, le panier à provision trop chargé, les habits trop propres, les enfants trop beaux ou la voiture bien entretenue de l’interlocuteur … car avec Salem En-Neggara, le coup d’œil était impardonnable ! 
On raconte qu’un jour, alors qu’il se trouvait en bonne compagnie et prenait le frais sous l’olivier d’El Djen’ba, il vit passer, en contrebas, Mansour Eddarradji sur sa mule… L’assistance l’ayant mis au défi d’arrêter la bête, il simula un tir au fusil en mettant en joue la mule… Au « pan ! » qui fusa de sa bouche quand il l’eut dans sa ligne de mire, la mule, pourtant distante de plus de 500 mètres s’affala, heureusement au ralenti, ce qui valut à Mansour de tâcher seulement son burnous mais sans trop ressentir l’effet de sa chute sur sa chair et ses os…
Salem En-Neggara possédait un poulailler… il l’avait construit dans sa terre de Bir Moudjnib et il y passait le plus clair de son temps. Il avait dressé un barrage en tôle et branches de jujubier à 100 m de l’esplanade sur laquelle il élevait ses poulets… affirmant à ceux qui osaient une question sur cette barricade, que ses poules n’aimaient pas être dérangées par les voix des hommes et le bruit des moteurs et qu’il préférait pour sa part, décharger les aliments du bétail assez loin et consentir de les transporter à dos d’homme jusqu’au garage plutôt que de mettre en péril sa seule source de revenus… en réalité c’est du mauvais œil qu’il avait une forte appréhension car il connaissait, et pour cause les conséquences qu’il pouvait engendrer et les pertes qu’il occasionnait…
En prenant toutes ces précautions, sans compter les pneus usés qu’il avait placé sur le toit du poulailler, et, il faut le dire aussi, en sachant soigner et entretenir ses bêtes, Salem En-Neggara réussissait toujours à proposer des poules dodues et propres… Un jour, Belgacem Boulehraness, son rival en aviculture mais néanmoins ami depuis la Révolution Agraire où ils étaient dans la même coopérative, invita Salem à venir inspecter son poulailler pour essayer de comprendre ce qui n’y tournait pas rond et qui faisait que ses poulettes restaient malingres et anémiées malgré tous les soins qu’il leur apportait et les vitamines et antibiotiques qu’il leur faisait ingurgiter…
Il se doutait bien que le mauvais œil de Salem allait faire ses effets, mais ne l’appréhendait pas très fort car se disait-il, la situation de ses poulets ne pouvait en aucun cas être pire que ce qu’elle était !
Il avait un poulailler en parpaings recouvert de plaques de fibro-ciment datant de l’époque où l’amiante était inoffensive. Quand ils poussèrent le semblant de porte qui barrait l’entrée après avoir dénoué le fil de fer qui la retenait, Salem fut, il faut le dire, intérieurement satisfait de ce que subissait son ami, comparativement à aux prouesses qu’il réussissait à réaliser : des poulettes stressées, à moitié déplumées, le croupion ensanglanté par le cannibalisme… bref, un spectacle qui n’avait rien de réjouissant pour tout éleveur digne de ce nom.
- Tes poules sont trop à l’étroit Si Belgacem !... il faut te résoudre à te libérer au moins du cinquième ; et fais en sorte d’éviter l’aliment de Amar El Gourchala, ses tamis ne sont pas au point ; il y’a trop de grains non broyés que les poules picorent, dédaignant le reste et se privant ainsi de vitamines et de sels minéraux car c’est dans les parties fines qu’on en trouve le plus…
Quand ils se séparèrent, Belgacem savait que l’œil de Salem ferait quelques effets ; et quand vint le soir, il évacua 2 brouettes de cadavres de poulets ; il se dit que ça aiderait à aérer son poulailler et n’en fit plus grand cas…
En rentrant chez lui, Salem En-Neggara ne put s’empêcher de faire un détour par sa terre de Bir Moudjnib… il avait toujours en tête l’image des poules de Belgacem Boulehraness… Quand il pénétra dans son poulailler et qu’il vit son cheptel éclatant de santé, il en fut si épaté qu’il ne put réprimer l’envie de prendre une chaise et de s’asseoir à contre dossier, le menton sur ses bras croisés et de rester longtemps à regarder ses belles bêtes à la blancheur immaculée, aux plumes fournies et qui donnaient une belle impression de joie de vivre…
Après la prière du Maghreb, en revenant de la mosquée, il s’ouvrit à ses deux voisins Ahmed El Gountass et Saad El M’Derwell sur la catastrophe que vivait le poulailler de Salem, non sans parler de la bonne santé de ses poules…
Les deux hommes ne dirent rien mais s’échangèrent en catimini un regard qui en disait long sur ce qu’ils pensaient…
Le lendemain matin, en rendant visite à son poulailler Salem En-Neggara fut surpris de trouver la moitié de son élevage gisant, sans vie, sur le parterre…
Dans la journée, tout le village le sut.
C’est sûrement Ahmed el Gountass, plus disert que Saad El M’Derwell qui proféra alors une phrase qui, à ce jour, illustre dans les propos des villageois, la morale de cette histoire : « Ain En’Neggara tedhrob h’atta rezk moulaha ! » (L’œil d’En-Neggara frappe même son propre bien !»

mardi 5 mars 2013

RACHID ET LES FOURMIS


J'aime chez Rachid son côté naïvement mystique qui lui fait prendre presque tous les problèmes avec un certain détachement, une sorte de second degré. Si Rachid croit dur comme fer que nos parents ont un lointain lien avec les hindous pour leur adoration de "le vache" (au masculin comme le disait Si Hammid), je crois pour ma part que chez Rachid, il y'a aussi quelque part un peu de moine bouddhiste... du Ghandisme c'est certain !
Il n'y a pas longtemps, lors de l'une de nos fortuites rencontres que les contingences de la vie éloignent de plus en plus, il m'a raconté son histoire de fourmis...
Il m'a dit avoir remarqué une invasion de sa maison par une race de fourmis qu'il ne connaissait pas... ni les grosses noires luisantes, ni leurs frêles cousines poussiéreuses, ni les petites pestes rouges, ni ces minuscules et innombrables points qui arrivent jusqu'à votre potager et se mettent à trois pour traîner un grain de sucre... 
Rachid s'est dit que cette terre qui lui déverse ses entrailles grouillantes sur le parterre de son salon ne pouvait qu'annoncer quelque catastrophe tellurique imminente...
Il a commencé à réfléchir au meilleur moyen de se débarrasser de ces bestioles mais sans utiliser la solution finale car il se voyait mal assassiner autant de vies...
Mais ses réflexions ont trop duré et ne voyant aucune solution, sa femme le pressa d'aller acheter un sachet de "doua el barghouth" et d'arrêter ses vaines cogitations ...
Rachid dut, la mort dans l’âme se résoudre à descendre en ville pour acheter cette poudre tueuse…
En cours de route il rencontra un collègue enseignant qui s’enquit de son état en voyant son air torturé par l’idée du crime qu’il allait commettre.
Rachid lui expliqua son histoire de fourmis et s’ouvrit à lui de ses scrupules.
Le Monsieur lui dit avec une conviction toute religieuse que les fourmis ne sont pas aussi bêtes qu’on le pense et qu’elles sont structurées et disciplinées… Et puisqu’elles ont parlé à Salomon (Sidna Soulaymane), elles sont donc capables de comprendre notre langage…
-         Dis leur de quitter ta demeure et elles le feront, lui dit-il.
Rachid rebroussa chemin et quand il pénétra chez lui sans le sachet de poudre, sa femme lui fit comme toute femme qui se respecte, une petite scène.
Il évita de rentrer dans la polémique et se dirigea vers le mur où se trouvait le gros de la troupe des envahisseurs…
-         Quittez ma demeure ! leur dit-il en se répétant à trois reprises.
On devine un peu la surprise et surtout l’inquiétude de sa femme qui, les mains sur les hanches regardait son mari qui parlait aux fourmis !!!!
-         Allah yah’dik ! lui dit-elle.
La traînée de fourmis commença alors à s’effilocher et quelques heures plus tard, il n’en est resté que quelques individus qui traînaient parce que même chez les fourmis, il y’a toujours des traînards…
Le lendemain, comme si elles eussent été ravalées par la terre qui les avait dégurgitées, il n’y avait plus trace des fourmis…
Ces jours ci je subis la même invasion. Mais mes fourmis à moi n’on rien de spécial ; ce sont des petites noires très communes… elles ont certainement été attirées par le millet rond que rejette mon couple de bengalis…
Ma femme n’arrête pas de me harceler pour que j’aille acheter l’insecticide en poudre qui doit m’en débarrasser (des fourmis s’entend !)…
Je lui ai préconisé d’utiliser la méthode douce rachidienne
Mal m’en a pris… Avec sa moue de dédain assassine, elle m’a rétorqué :
- Vas, toi-même faire ton discours aux fourmis !... moi je suis encore en possession de toutes mes capacités mentales !... 

dimanche 3 mars 2013

LE CHIEN-LOUP DE SAAD EL KOURNAFA




Dans mon village, à la campagne, il y’avait un homme qu’on appelait Saad El Kournafa… Il habitait là haut sur la montagne et n’en descendait  selon la saison que pour vendre son fagot de bois, son casier de figues de barbarie ou les chapelets de grives qu’il piégeait et que lui achetait Bernard, le petit vieux en béret qui venait  en 2CV de derrière les montagnes d’en face et qui les raflait toutes pour les vendre aux bars où les buveurs de bière les mangeaient cuits à la braise en se disant entre deux chopes qu’elles étaient « halal » même non égorgées parce que c’était un produit de la chasse…  C’est vrai qu’en ces temps là, on n’avait pas encore appris à couper le cheveu de Mouaouya en quatre quand il s’agissait de discuter du licite et de l’illicite.
En descendant de la montagne, il avait pris l’habitude de se faire précéder de son chien Birnar (il avait trouvé en l’acheteur de grives un nom providentiel). C’était un bâtard mais qui avait du caractère, de longs poils et qui lui témoignait d’une fidélité à toute épreuve. Sa compagnie lui permettait de se sentir moins seul mais aussi de lui parler de ses impressions, de la pluie et du beau temps et surtout, de son voisin Amar Boussendara avec lequel  les problèmes de bornage des champs ne finissaient jamais.
Un jour qu’il était descendu au village pour moudre deux aunes d’orge au moulin d’El Hadj Ali, il fut interpellé par Edouard Catala, le gros colon qui disposait de la plupart des bonnes terres de la région. Il portait comme à son habitude son chapeau de feutre et son gilet sur lequel pendouillait la chaine argentée de sa grosse montre de poche…
- Sbah el khir Kournafa lui dit-il.
- Boujour  M’siou Douar lui répondit Saad
- Tu  as un beau chien, Kournafa, j’ai perdu le mien hier… et si tu me le vendais ?
- Awah a Msiou Douar, demande les yeux , je vends, mais le chien je vends pas…
-je te donne 2 aunes de pois-chiches si tu acceptes
-par Dieu, même loukane tu donnes le Ferkissou,  je  donne pas le chien (le colon possédait un tracteur à chenille, un Massey Fergusson que tous les autochtones appelaient « el ferkissou »)… Mais si tu veux, je ramène un petit chien-loup  lundi quand je viens au  marché,  je change pour seulement 10 kg de fèves,  si tu veux bien sûr !…
- va pour le chien-loup ! lui répondit Edouard Catala, mais ce sera 5 kg de fèves, à prendre ou à laisser !
Le lundi d’après, on vit Saad el Kournafa, arriver avec son âne et son chien… il tenait un panier de doum aux anses attachées par une ficelle et d’où sortait un  petit museau espiègle…
Edouard Catala qui était devant la poste avec Madame Trident, la postière, alla à la rencontre du montagnard et celui-ci lui remit le couffin…
- c’est ça ton chien-loup ?
- Oui M’sieu, donnez du lait, il devient vite gros comme mon âne
- on verra bien répondit Edouard en se dirigeant  vers sa maison, de l’autre côté de la place, et en faisant un clin d’œil à Mme Trident…
- J’en ferai une arme efficace contre les arabes lui-dit il…
-et mes fèves M’sieu Douar ?...
- Tes fèves, tu attendras la récolte lui répondit Edouard Catala
- Yennaal slaltek ! lui lança Saad El Kournafa
- Qu’est ce que tu dis ? répliqua Edouard
- rien ! j’ai dit merci, lui dit Saad El Kournafa …
Quelques mois passèrent… le petit chacal grandit très vite sous la très bonne attention qui lui était réservée… un jour, sachant qu’il était apte à retourner à sa vie de liberté là haut, à Chaabet el Halloufa d’où Saad El Kournafa l’avait retiré d’entre ses frères, il attendit que la maitresse de maison lui ramène sa pâtée journalière pour lui planter ses crocs dans son gros mollet rose et nu et s’enfuir en la laissant crier comme une truie, faisant accourir son vieux mari essoufflé qui la trouva affalée près de la niche désertée par le chien-loup…
Le lundi suivant, quand Monsieur Edouard rencontra Saad El Kournafa, il le prit à partie devant tout le monde en lui imputant la mésaventure de sa femme avec  ce mauvais chien, « aussi ingrat et traitre qu’un arabe » …
-Non Msieu Douar lui répondit Saad, les « arabes » ils n’ont rien à voir avec les chiens… le chien-loup, il s’est sauvé et il a « mangé » ta femme pour te faire payer ta promesse de cinq kilo de fèves que tu n’as pas tenue !
Les « arabes » qui savent que le chacal ne s’apprivoise pas rirent de bon cœur du tour que El Kounafa avait joué à Edouard… il y gagna même un nom qui le suivit jusqu’à sa mort : Boudhiaba.

MARWANE BOUSRIOUILA ET LES VENDANGEURS




Dans mon village, à la campagne, nous comptons des hommes qui ont marqué l’Histoire… Marwane Bousriouila en fait partie.

Quand l’indépendance du pays fut acquise et que les colons quittèrent les fermes et les plantations, l’Etat Algérien naissant n’avait pas d’autre alternative que celle d’organiser les paysans en « comités de gestion » pour prendre en charge le travail des champs.
Notre région, comme beaucoup d’autres était plantée en ces temps là en raisin de cuve ;  et les vignobles couraient tous nos coteaux en parfaites lignes droites.
Comme il fallait bien vendanger et traiter tout ce raisin, le comité de gestion recruta des saisonniers et l’opération se déroula dans de relatives bonnes conditions car, nouvellement libres, nous n’avions pas encore acquis les réflexes de totale indépendance pour manifester comme aujourd’hui notre refus de l’autorité et de la hiérarchie à chaque ordre que nous recevons.
En ces temps là, Marwane Bousriouila avait réussit à se débrouiller une 203 noire sur laquelle il s’amusait à faire comme les français puisqu’il se considérait depuis le 5 juillet comme un citoyen à part entière et même un peu plus car on avait arraché notre indépendance de haute lutte se disait-il et non en la quémandant.
Il s’était débrouillé un chapeau de brousse et c’est en short, en chemise fleurie et en lunettes noires qu’il traversait le village pour aller vadrouiller du côté des vastes étendues de Beni Slimane ou des vergers de Cap Djinet et des plages de Zemmouri où il pouvait impressionner un peu les gens qui ne savaient pas que chez lui on le surnommait  Bousriouila car il n’arrivait jamais à retenir convenablement son pantalon.
Un jour, du côté de Bordj Ménaiel, il descendit de voiture pour se soulager derrière un buisson… Une équipe de vendangeurs était à l’œuvre dans le vignoble du champ bordant la route… L’un des vendangeurs le prenant pour un chapardeur courut vers lui pour lui signifier que ce n’est pas parce que nous étions devenus indépendants qu’il fallait prendre toute propriété pour du beylik…
Quand il le vit de près il s’arrêta, impressionné par ses lunettes noires et son chapeau de brousse…
Marwane Bousriouila calcula immédiatement tout le profit qu’il pouvait tirer de la situation.
Sans salutation ni préambule, il prit un l’air officiel d’un représentant du parti et lui dit :
- Chkoun echiff n’taakoum ?  (lequel d’entre vous est le chef ?)
- maandnech echiff ! (nous n’avons pas de chef !) lui répondit le vendangeur d’une voix mal assurée
- chkoun smah’elkoum t’gaat3ou el 3neb ? (qui vous a permis de couper le raisin ?)
- el brizidène, Karfass Benzitoun ! (le Président Karfass Benzitoun!)
- ch’hal fih eddigri ? (à quel degré est-il arrivé ?)
- ma 3labalich ! (je ne sais pas !)
Feignant une grosse colère Marwane Bousriouila le réprimanda de manière très sèche :
- Djabelkoum Rabbi listik’lal fawdha ! (vous croyez qu’indépendance signifie anarchie !) lui cria t’il en ajoutant : Vous osez récolter un raisin qui n’a pas été analysé pour voir combien il a de degrés ?
- …
-Allez roh’ tistwitt djibli kazi n’roh n’3ayrou fel wizara ou goul les’habek irouhou eldarhoum hatta toukhroudj ennatidja! (Allez va tout de suite me ramener un casier pour que j’aille l’analyser au laboratoire du ministère et dis à tes collègues de rentrer chez eux fissa et de ne revenir que quand on vous ramènera les analyses !)
Le vendangeur s’exécuta en saluant et en faisant une marche arrière qui faillit le faire tomber sur les orties des bords du vignoble puis s’éloigna en courant maladroitement entre deux rangées de vigne en retenant d’un main son chapeau de doum.
Il revint peu après avec un de ses collègues portant chacun un casier de bon raisin que Marwane Bousriouila leur dit de déposer dans la malle déjà ouverte de sa 203 noire.
- Goulna robbama wahed ma yekfich (on s’est dit peut-être qu’un casier pourrait ne pas suffire) expliquèrent –ils le second casier…
Grand seigneur Marwane Bousriouila répondit avec une pointe de dérision :
-ghadi naklou wall ! (vous pensez que je vais le manger ou quoi ?)
Il monta dans sa voiture et rentra, non sans laisser aux vendangeurs sa carte de visite : une carte à tête de fennec qui trainait sur la banquette et qui s’était détachée d’un sac d’engrais auquel elle était liée par un oeillet …