dimanche 18 septembre 2011

LA PROTESTA INEDITE DE NAKRACHE

Dans mon village, à la campagne, c’est parce qu’on sent que tout risque de bien aller qu’on se prend à craindre que rien n’aille plus… C’est une appréhension dont la logique est difficile à admettre mais il faut se mettre dans la peau d’un villageois pour pouvoir la comprendre…

Depuis la mise en service du grand barrage de derrière les montagnes, que Dieu nous le préserve de tout séisme majeur, l’eau coule presque chaque jour… Elle n’a plus la couleur verte de celle d’antan, on n’y sent qu’une légère odeur de chlore et à part quelques sangsues trop petites pour inquiéter, aucun corps solide ne nage dans nos bidons… Le drame est justement là!... Que réclamer et pour quelle raison allons nous encore fermer la mairie et couper le chemin de wilaya qui relie le bas du village au village d’en haut ?... On pense bien faire une petite marche vers l’ADE pour réclamer une réduction de la facture mais avec la tendance du « en veux-tu en voilà » qu’adoptent les autorités contestées devant les citoyens contestataires, nous risquons d’être satisfaits au premier pneu brûlé ; alors nous préférons laisser cette revendication lourde à une autre occasion. Pour nous venger des ventes concomitantes qu’on nous imposait il n’y a pas si longtemps, nous avons préparé une belle manif durant laquelle nous exigerons de cet Etat-vampire la gratuité de l’eau, du gaz et de l’électricité. Il nous a bien accordé un jour ce qu’on appelle : médecine gratuite… Mais il y’a quelques réticences et la dernière fois que nous sommes rassemblés, nous les meneurs, sous l’olivier à palabres de Ahmed Ben Slimane, notre ami Essaid Nakrache, l’intellectuel du groupe et coiffeur de son état, qui a la manie de couper les cheveux en quatre a refroidi nos ardeurs… « Si l’Etat nous offre gratis ces services avec la même qualité de service que ce dont nous gratifie Ould Abbes, ce serait une victoire à la Pyrrhus… car très vite nous devrons faire appel aux citerneurs pour l’eau, aux âniers pour le fagot de bois qui remplacera le gaz et à la bougie pour nous éclairer… un peu comme nous avons été contraints de recourir aux rebouteux, guérisseurs, marabouts et autres exorcistes à la place des médecins et aux herbes dites médicinales dont les échoppes fleurissent presque autant que les locaux à flexy , aux talismans pour remplacer la Rovamycine, à la sainte eau de Zemzem en guise de sirop antitussif et à la « Hidjama » d’antan pour nous débarrasser de notre moufissa (mauvais sang) »… nous a-t-il prévenus…

Oui… parce que notre Etat à nous, quand il nous donne gratis, c’est pour nous contraindre à aller acheter très cher ailleurs… Voyez combien nous devons aujourd’hui dépenser pour donner un enseignement valable à nos enfants auxquels les marchands d’alphabet du secteur public prodiguent un enseignement gratuit de quelques jours par an, occupés qu’ils sont à réclamer leurs augmentations de salaires à un Benbouzid qui joue à la fermeté durant toute l’année scolaire pour finir par lâcher le morceau à la veille des examens afin qu’ils ne soient pas perturbés et nous permettent d’aligner des résultats aussi élogieux que ceux des scrutins référendaires des rois du Makhzen…

Essaid Nakrache a préconisé non pas d’exiger à notre prochaine émeute la gratuité de l’eau, du gaz et de l’électricité mais de revendiquer haut et fort l’abolition de la médecine et de l’enseignement gratuits…

Ca nous permettra nous a-t-il dit de retrouver une santé et un enseignement de qualité car l’Etat, ses enseignants et ses médecins n’auront plus l’idée de jouer au bras de fer en posant leurs coudes sur le ventre du peuple qu’ils prennent pour moins que rien, persuadés qu’ils sont de lui faire l’aumône !…

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