dimanche 18 septembre 2011

NOTRE BETE DU GEVAUDAN

Dans mon village, à la campagne, on n’a besoin ni de facebook ni de twitter pour communiquer vite et bien… L’information qui prenait habituellement le temps que fait une peugeot 404 pour aller d’un village à l’autre s’est considérablement réduite avec l’invasion du mobile.
Le téléphone occidental, il faut le reconnaître, est plus efficace que notre bon vieux téléphone arabe, en matière de célérité de propagation de la rumeur… et comme nous savons toujours donner une touche de notre folklore à n’importe quel gadget de la modernité, nous avons réussi à exploiter le petit bidule à puce en agrémentant l’info que nous y faisons transiter de beaucoup de nos innocentes exagérations…
Ce vendredi, juste après la prière du D’hor, des travailleurs parmi ceux qui posent du côté de Boubekeur les grosses canalisations qui doivent emmener l’eau du barrage vers les villes de la steppe, ont vu la bête… un véritable Nessie… Ils sont montés tous en courant vers le cantonnement de l’armée et à grands gestes et vociférations, tous ensemble, ils ont essayé d’expliquer au commandant les tenants de l’affaire et c’est sans plus attendre que ce dernier ordonna à une section d’aller sauver le pays et la population de cette terrifiante créature.
Arrivés sur les lieux, les soldats n’ont bien sûr rien trouvé… le doigt sur la gâchette, ils ont fouillé les fourrés, déplacé du ranger’s quelques pierres, soulevé des sachets noirs, regardé dans les crevasses de la terre, mais ils n’y’avait pas trace du serpent de Boubekeur qui avait « au minimum » le diamètre des tubes et leur longueur aussi… sachant que ceux-ci font 6 m de long et 1m de diamètre.
Les soldats sont retournés à leur caserne, laissant les travailleurs se regarder en se grattant le menton, ou en se triturant les mains, l’œil bas comme des adultes pris en flagrant délit de mensonge. Ils s’en sont voulu de ne pas avoir laissé l’un d’eux à surveiller le monstre mais c’était une mission que personne n’aurait acceptée…
Le village et les douars d’alentours qui ont été informés instantanément de cette horrible découverte ont continué à propager la nouvelle et le soir toute la contrée ne parlait que de ça… le serpent aurait même été vu très loin, de l’autre côté de la rivière ; d’aucuns affirment avoir entendu dire que les deux vaches de Boualem Gharbi en auraient fait les frais et que c’est peut-être cette rampante nouvelle bête du Gévaudan qui aurait dévoré les 6 moutons de Salem Belgacem qu’on avait accusé Moh Tanghouda d’avoir volés…
Le serpent de Boubekeur va ainsi continuer à alimenter notre chronique villageoise jusqu’à ce qu’on découvre du côté de Boutboul ou d’El Khaloua une autre bête que nous grossirons au fur et à mesure que nous en parlerons, pour faire d’un petit lézard des murailles un affreux crocodile du Nil…
Comme l’ont fait nos lointains cousins de Sour El Ghozlane*…

*-La presse, toujours pressée d'informer ses lecteurs à montré une photo de ce qui s'apparente à un crocodile, découvert dans la cave d'un bâtiment de cette ville. Le terrible alligator avait la taille de la chaussure de la personne entre les pieds de laquelle elle fut prise en photo... c'est vous dire à quoi ont échappé les "Aumaliens"!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire