dimanche 18 septembre 2011

MON VILLAGE A L'EPREUVE DE LA POLITIQUE

Dans mon village à la campagne, la politique a produit de grands bouleversements.

Avant l'heureux avènement de la démoncratie, trois grosses tendances « convivaient » pacifiquement au sein du parti inique.

La première, amatrice de bonne chair et de gros gueuletons utilisait le parti comme carte client du Souk El Fellah, de l'ONACO, de la SNS, de l'ENC, de la SNMC et des autres boîtes qui servaient et se servaient. La Kasma leur servait pour sa part d'aire de stockage aux cacahuètes, aux raisins secs et aux pruneaux.

La seconde, imbue de sa propre image, prenait de grands airs en s'encostumant, en s'encravatant et en se gominant les cheveux à tout va. La Kasma lui servait de tremplin pour sauter les étapes et de tribune pour étaler ses emphases quand elle n'était pas utilisée plus discrètement pour des ébats très très engagés.

La troisième aspirait à acquérir cette ancienneté militantesque qui lui permettrait de bénéficier elle aussi des bienfaits matériels dont jouissait la première ou de la considération sociale réservée à la seconde. Et pour y arriver, elle faisait la claque et se plaçait toujours dans le sens de la marche conjoncturelle de la Révolution socialiste même si celle-ci donnait le tournis avec la fréquence de ses demi-tours à droite puis à gauche ses brusques reculs et ses avancées tonitruantes.

Les territoires étaient si bien délimités et les rôles si bien assignés qu'il n'y avait aucun risque d'interférence et les " hassassiates " nageaient dans le parti inique comme des requins dans l'eau de l'océan.

Quand Octobre 88 a cassé la vitrine du parti, les hôtes de ces lieux se sont éclipsés en douce. Mais comme la boulitique est une seconde nature chez eux, ils ont commencé à montrer leurs antennes comme des gros bourgognes après l'ondée, dès que le multipartisme comme une " noce de chacal " (a'rs edhib... et c'est le cas de le dire !) est venu étaler le spectre de couleurs politiques que le peuple était appelé à conjuguer à tous les tons.

Les jouisseurs de la première " hassassiya " ont refait un autre FLN ; les m'as-tu-vu de la seconde on inventé le RND et les autres en désespoir de cause s'en sont remis au Bon Dieu qu'ils ont nommé - comble d'hérésie - secrétaire général de leurs parti-pris.

Le combat politique de ces trois grosses pointures, après avoir traversé péniblement la phase de qui tirera le mieux sur les pattes de l'autre a atteint une autre phase: celle de à qui marchera sur les pieds de l'autre.

Aux dernières élections et alors qu'elles s'apprêtaient à une mémorable partie de ruades, elles furent prises de court par le choix commun de leurs états-majors.

Elles ont dû piteusement ranger leurs sabots et, comble d'humiliation, faire campagne commune pour un seul coursier.

Aujourd'hui, dans mon village, à la campagne, ils font pitié à voir, ces militants frères-ennemis des trois hassassiyates. Pour se donner une raison de militer, les premiers ont investi un nouveau siège en bord de route - comme de bien entendu - pour mieux se faire voir et se faciliter une éventuelle fuite; et sous un pauvre olivier qui ne leur a rien fait, ils s'adonnent avec délectation à leur jeu favori, celui de la parlote à perte de langue.

Les seconds, forts du pouvoir qu'ils détiennent, occupent un siège mitoyen avec l'APC et offert gracieusement par celle-ci. Connaissant la musique et, pour adoucir leurs vilaines moeurs, ils se donnent plein le tube en mettant à fond la sono, laissant libre cours à Mazouni de débiter ses anachids nouvelle formule.

Quant à la troisième, elle a préféré investir les eucalyptus, en retrait du village pour tirer des plans sur la comète...

Et mon village où il aurait pu faire bon vivre est devenu par la faute des imbéciles qui n'ont pas compris qu'on peut faire de la politique proprement, un lieu où ça pue la suspicion, la morgue, la suffisance, la fatuité et l'opportunisme et à des kilomètres à la ronde.

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