mardi 1 novembre 2011

FOIN DE BLE !

Dans mon village, à la campagne, les paysans ou ce qui en reste après les innombrables « restructurations » du monde dit « agricole » ne sont pas contents, mais pas contents du tout !...

Ce ne sont pas les mauvais sévices que leur rend Benaissa qui les dérangent, non… Benaissa s’occupe rarement des petits paysans et les nôtres ne sont que de pauvres petits paysans parfois sans terres, et quand ils en possèdent, elle est si montagneuse et si morcelée qu’elle ne vous donne droit à aucun crédit d’investissement ou de campagne.

Benaissa n’y est pour rien dans l’exclusion de nos paysans de tout crédit car comme tout le monde le sait, depuis Rockefeller et peut être bien avant : on ne prête qu’aux riches… aux pauvres paysans, jeunes, entrepreneurs etc… on fait miroiter des promesses de crédit puis on les dissuade par un dossier en béton et comme nos fellahs ont déjà la phobie de tout ce qui est paperasse, ils ne s’aventurent presque jamais à aller déranger l’ogre en son antre; et quand certains téméraires d’entre eux osent le faire, ils finissent par s’essouffler devant les guichets où trônent de sadiques bureaucrates aux visages de vampires auxquels on a appris que leur rôle consiste à éplucher les dossiers pour y trouver la moindre raison afin de ne pas les accepter… quitte à inventer cette raison, ce dont ils ne se privent pas. Nos paysans rentrent alors chez eux bredouilles en maudissant le grand père de la mère de l’administration (djed yemmat el idara), juste pour se défouler et en jurant par Sidi Gacem qu’on ne les y reprendra plus !

Nos petits paysans ne sont pas fâchés contre ces bureaucrates. Ils savent pour les avoir connus depuis… Lacoste, que leur mission consiste à refuser ce que les politiques font semblant d’accorder… Non… nos paysans ne sont en rogne que contre… le temps !...

D’abord contre ce printemps qui s’est fait hiver en inondant les terres juste après les fenaisons, transformant le foin bottelé en fumier hachakoum… Puis cette canicule totalement incongrue qui s’en est venue, presque sans transition, assécher les vergers et conjuguant les deux phénomènes climatiques, cette humidité qui a favorisé bayoud et mildiou, pour donner le coup de grâce à une récolte qu’on savait famélique faute d’engrais…

Nos paysans auraient bien aimé protester comme tout le monde… s’ équiper de pancartes et de banderoles et pousser devant eux des pneus pour s’en aller couper le chemin vicinal qui mène à la mosquée… hélas ! ledit chemin a été déjà coupé par les fortes précipitations du mois de mai…

Vendredi 17 Juin 2011

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